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l  e  s    b  e  l  l  e  s    e  n  d  o  r  m  i  e  s

"Il y avait un grand lit. Des oreillers placés au bout comme il est de coutume, protégés par des taies de coton rosées, repassées et parfumées. Un drap soyeux, laissé négligemment sur le lit, plissé, laissait apparaître l’épais matelas recouvert d’une housse.

Elle le regarda avec un certain plaisir, avec envie et commença à se dévêtir. Qu’est ce qui pouvait être plus plaisant que l’idée de retrouver son lit et enfin pouvoir ne plus rien contrôler, ne plus penser? Rien. Elle se hâta ensuite d’enfiler sa nuisette. Puis, dernière étape avant de pouvoir se glisser au chaud sous les draps, elle défit la tresse qui coiffait ses cheveux et les peigna. C’était son rituel avant d’aller se coucher, brosser sa chevelure encore et encore alors qu’elle n’avait aucun nœud. Ça la rassurait. C’était la condition sans laquelle elle ne pouvait se laisser gagner par le sommeil. Enfin, elle retira ses chaussons, s’allongea dans son lit avec un certain soulagement et replaça le drap sur elle. C’était le moment qu’elle préférait dans sa journée. Contrairement à d’autres, elle n’avait pas l’impression de perdre du temps puisque dans ses rêves elle accomplissait ce qu’elle n’aurait jamais pensé pouvoir faire. Elle n’avait qu’une hâte, s’endormir. Cela se fit progressivement mais de manière assez rapide. Plus elle perdait conscience de ce qui l’entourait, plus elle abandonnait son corps pour rejoindre un monde dans lequel elle ne contrôlait plus rien et plus elle s’enfonçait dans les profondeurs de son lit. Son sommeil devint très profond et son corps de plus en plus lourd. Il s’enfouissait inconsciemment dans son matelas poussé par son propre poids. Le corps, abandonné par sa conscience, sa raison, délivré de la pensée perdit de son humanité pour s’hybrider au lit. Corps et lit finirent pas se confondre pour ne former plus qu’un unique ensemble."

 

 

 

Images :  2. Hissey Miyake et Nienke Klunde "big rock candy"  3. "the twins" Dorothée Deiss

2014

Photographie, stylisme : Manon Autié-Naty

Mannequins : Sixtine Blandin et Valentine Genelot  

 

 

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